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World Van Bike Tour

2 ans 1/2 d'itinérance en Europe, Asie et Amérique du Sud. Parti à 2, on est revenu à 3.

L'Amérique du Sud à Bicyclette

Publié le 26 Juin 2018 par siméombel

 


Salut tout le monde,


Comme pour clôturer notre voyage en Asie, voici un bilan de notre étape latino américaine qui a duré 8 mois de septembre 2017 à mai 2018. On a traversé ce continent dans sa largeur en passant par le Perou, la Bolivie, l'Argentine, le Paraguay et le Bresil. Je ne parle pas ici de notre séjour sédentaire à Lima.
Vous m'excuserez quand je dis "en Amerique du sud", ça veut dire "d'après ce qu'on a vu ou ce qu'on  nous a dit dans les régions des pays que nous avons traversé en Amerique du sud", on ne prétend pas tout connaitre de ce continent c'est juste pour une simplification d'écriture. 


 

Evolutions du voyage

Aspect vélo


Proportionnellement on a fait beaucoup plus de vélo qu'en Asie ( qui est bien plus étendue dans la longueur que l'Am du Sud dans sa largeur) malgré un rythme plus tranquille ( 50km par jour en moyenne). On a plus de compteurs mais on a fait approximativement:

6400km de vélo + 1200 km de bus ( 1100 km Lima-Cuzco et 100 km Angra do Reis-Rio) + 600 km de stop ( en Argentine)


On avait des nouveaux cadres recyclés achetés 20€ dans un marché de Lima qui finalement ont tenu bons. Simon tirait 30 kg en plus donc les roles se sont inversés, il etait plutot derrière. Mine de rien, la position joue beaucoup sur le mental. 
Moi j'avais une potence de guidon en plus, une selle plus moelleuse que les Brooks qui font mal aux fesses. Résultat : la position idéale dès le début. Je n'ai pas changé d'un yota ma position sur le velo en 6400km et n'ai pas râlé une seule fois! Comme quoi des fois ça ce joue à pas grand chose. En Asie j'étais tout le temps "mal calée" et avais mal quelque part au bout de 20km.

Simon est devenu super calé dans la manutention et les problèmes mécaniques en rafistolant avec de la recup. Moi par contre c'est tout juste si je sais changé une roue! Vive la répartition des taches...
 

 

Rencontres voyageurs

On a rencontré beaucoup plus de voyageurs du continent qu'en Asie, en velo ou non. Notamment beaucoup d'argentins, qui sont connus pour être tres "mochileros". "Mochileros", ça veut dire "voyageurs en sac à dos", donc en anglais "backpakers". Mais on est pourtant tres loin du backpaker europeen qui va passer 2 semaines à Bali. (Voir le paragraphe "systeme D " plus bas). En Asie c'est pas du tout dans la culture de voyager ainsi. Meme les warmshower chez qui on etait faisaient du velo de route sur une journée pour la plupart.
En revanche on a beaucoup moins vu de voyageurs européens. Les 2 premiers mois un peu, puisqu'on a emprunté La route des cyclo-voyageurs en Am du sud ( Colombie-Ushaia par la fameuse route 40 en Argentine). Puis on a bifurqué à l'Est et là plus un chat. On est content d'avoir pris d'autres itinéraires, et d'avoir zigzagué le continent dans sa largeur. Car vous connaissez la chanson maintenant, moins les routes sont empruntées par les voyageurs, touristes ou étrangers, plus la rencontre avec l'habitant est authentique. Et c'est plutot ça qu'on vise, plus qu'un exploit sportif ou un site classé. D'autant qu'on s'emeut beaucoup plus d'une cascade vierge qu'on aura decouvert et où on va se baigner que des chutes d'Iguazu par exemple.
On se reconnaît bien dans l'appellation empruntée à nos amis Virginie et Benoit de "voyageurs qui pédalent" en distinction aux "cyclistes qui voyagent". On a du mal à se dire qu'on fait du vélo tous les jours. C'est vraiment secondaire. Quand on nous appellent les cyclistes on se regardent en se demandant de qui on parle.


Les nuits


On a très peu fait de "camping sauvage" pendant ces 8 mois. D'une part parcequ'on a beaucoup été accueilli chez les gens, d'autre part car il faisait très froid sur l'altiplano et qu'après les champs étaient souvent barricadés. 
Par contre, on a beaucoup fait ce que j'appellerais du "bivouac publique". Dormir sur les places, dans des salles communales, eglises, ecoles, chez les pompiers, la police... Avec le temps, on est plus du tout génés pour ce genre de truc, on demande et ça passe presque tout le temps ( voir le paragraphe "le culot" plus bas).

Nos nuits en hotel ont diminué drastiquement. Seulement sur l'altiplano pour des sommes modiques et quand on rejoignait des gens: amis, famille ou avec d'autres voyageurs... C'est devenu une dépense dont on pouvait tres facilement se passer. On trouvait toujours ce qu'on recherchait dans les hôtels autrement : wifi sur les places, de l'eau partout pour laver les affaires...


Pour ce qui concerne l'accueil chez l'habitant spontané qui a été tres tres frequent, je ne reviens pas dessus, j'ai plus que développé le sujet dans beaucoup d'articles et notamment à la fin de l'article sur le Paraguay.
Du fait de cet accueil spontané, on a beaucoup moins utilisé le reseau de cyclo-voyageurs warmshower, qui necessite une connexion, un portable chargé, du temps et un peu d'orga pour connaitre les dates d'arrivée. On l'a utilisé lorsqu'on avait besoin de laisser les velos dans un endroit sûr pour une longue durée ou parce qu'on avait un rdv precis (visite de famille, rainbows). Mais meme si ca s'est produit que 6 fois, ça a toujours été pour des longues durées où nous avons pu apprendre à bien se connaître.

 


Vie pratique et ecolo

 

Au fur et à mesure on s'est désolidarisé de tous les produits de soin et lavage inutiles. Un savon de marseille pour la lessive, la vaisselle ou se laver c'est suffisant. Voir meme la vaisselle on là lave juste à l'eau. On se lavait à l'eau dans les rivières. Et si vraiment on utilisait du shampoing dans la nature on s'arrangeait pour qu'il soit bio ou ne pas etre au bord de l'eau. On a reussi à se laver avec 2 bouteilles d'un litre cheveux compris (dur dur!). 

Pour les toilettes on a appris des methodes pour se passer de papier toilette, en utilisant de l'eau. Enfait ce qu'on faisait avant avec les bidets et ce que font encore beaucoup de peuples dans le monde - notamment les musulmans- car c'est plus propre.

Pour les courses, on avait intérêt à etre super réactif pour dire à la caissiere qu'on avait pas besoin d'un sac plastique pour chaque produit acheté!

Cependant, ecologiquement parlant notre nomadisme à vélo n'a pas eu que du bon. Certes on a utilisé très peu d'eau, presque pas d'électricité et pas de carburant fossile pour le transport. Mais cette manière de vivre nous a par exemple obligé à utiliser des couches jetables générant beaucoup de déchets, donné peu l'occasion d'acheter des produits bio et fait augmenter notre conso de viande  ( chez les gens ou dans la rue... en camping on en cuisinait jamais).

Et bien sur notre choix de continuer notre tour du monde avec le bébé en Am du sud nous a contraint à prendre 2 fois l'avion et à fait sauter le compteur CO2.

Communication et Culture


Les échanges avec les habitants ont été très très nombreux et riches. La langue y est bien sur pour quelque chose. Simon a appris les bases de l'espagnol à Lima et se debrouille maintenant comme un chef et moi j'ai bien progressé et parle couramment desormais. On a pu rentrer plus en détail dans les discussions, les débats, les questions de culture, politique, comprendre tel rituel, tel coutume, etc. D'autant qu'au final on a passé du temps, beaucoup de temps dans chacun des pays donc on a pu bien s’imprégner de la culture.
Au Bresil, au bout d'un petit temps d'adaptation à l'accent brésilien, on a pu comprendre les grandes lignes. On a appris quelques mots de quechua et guarani egalement.

La langue étrangère, parlée ou non, rend quand même le voyage tres différent...sans pour autant qu'il soit plus, ou moins intéressant. En effet c'était aussi un régal en Asie de tester d'autres formes de communication que le langage, comprendre des intentions dans les yeux, parler avec les mains... C'est presque plus émouvant, plus touchant...c'est autre chose. 


C'etait un peu pareil pour les cultures. La culture plus occidentale d'Am. du sud nous a fait vivre le voyage differement. On etait plus à l'aise pour certaines choses ( les codes sociaux, les discussions avec des jeunes dans lesquels on se reconnaissait, la place de la femme...) mais on a parfois regretté le folklore, les cultures ancestrales, le cote "rdv en terre inconnu", les différentes langues de l'Asie ( heureusement les Andes ont quand même gardé leur charme authentique tout comme la Selva -la foret amazonnienne- connue lors d'un autre voyage). 


Pour resumer, on retournerait plutot en Asie pour y voyager, et plutot en Amerique du sud pour y habiter ou y séjourner un certain temps.

 

Quelques exemples de cette vie Latino  (moyenne entre vie citadine et rurale):

Faire ses courses Beaucoup de supermarchés alors qu'en Asie il n'y en a que dans les grosses grosses villes. De même un nombre de pharmacies incroyable, parfois des rues entières. En revanche il y a toujours les petits commerces familiaux, les vendeurs ambulants et la négociation des prix. Les commerces sont ouverts toute la semaine meme le dimanche ( sauf au Bresil).

Dans la maison : Le lave vaisselle n'existe pas. Les machines à laver super frottantes et puissantes d'occident ne sont pas arrivées jusque-là bas, tout comme pour l'Asie. Ce sont juste des bacs tournants qui enlèvent la saleté mais pas les tâches. ( même chez les plus riches on a pas vu).
Pour les toilettes, pas de wc turques mais par contre on ne met toujours pas le papier toilette dans la cuvette ( sinon c'est rejeté tel quel dans la nature ou bouche les toilettes).
Pour les douches, à part au Brésil et en Argentine, il y a encore beaucoup de système électrique d'eau chaude où on se prend le jus. Sinon jamais d'eau chaude au robinet, seulement dans les douches.
On mange à table comme en Europe et non par terre, sauf dans es Andes et la Selva.
La gazinière, on a vu un peu de tout, du poel à bois chez les plus pauvres à la super gaziniere électrique hi tech.

Transports : Pas de trains. tout se fait en car ou bus. Dans les villes le taxi est une institution, et les motos taxis se trouvent dans les petites villes ou villages.

Société : Après l'Asie, l'Am du sud nous est apparue plus décontractée, moins coincée en terme de tenues (plus moulantes). Il y a plus de bruit, de musique. Quand on écoute les paroles du reggaeton, on est loin des musiques trad d'Asie. Les gens s'embrassent dans la rue comme en Europe, se dénudent plus facilement, se baignent en maillot de bain et non habillés.

Il y a beaucoup de cohabitation intergenerationnelle, les enfants restant habiter dans la maison familiale avec leur conjoint et elevant leur propres enfants au meme endroit. Ou alors c'est dans la meme rue ou le meme village. Par contre il arrive frequement qu'un enfant soit allé vivre à la capitale au moins pour y etudier.

Religion : Catholicisme encore très présent. Beaucoup de statues de Jésus sur les places publiques, d'hymne à l'évangile... par contre beaucoup se disent croyant mais ils pratiquent beaucoup moins qu'en Asie. Les jeunes s'y intéressent moins même si ce n'est pas au même niveau que l'Europe. En revanche les églises évangéliques se développent rapidement.
En dehors du christianisme les autres religions monothéistes sont très peu représentées. 
Dans les Andes et la Forêt amazonienne on vénère encore beaucoup la pacha mama-la terre mère, le soleil, le pouvoir des plantes, des pierres...La nature enfait. Et qui revient chez beaucoup de jeunes. Certains font un mixe de catholicisme et religions ancestrales. Au Brésil les religions africaines sont au goût du jour.


TraditionsLa Fête des 15 ans pour les jeunes filles est une grosse grosse fiesta. Pour les hommes ce sont les 18 ans. Ils se marient beaucoup moins qu'avant. Ne font pas ou peu d'enterrement de vie de jeune fille/garçon. Ils célèbrent en revanche tous l'arrivée d'un bébé en faisant des "baby shower" comme aux Eua. Les bebes portent le nom de famille de la mère et du père.
Toutes ces célébrations sont en général animées par un animateur ou un clown payé à l'heure.  Il y a toujours beaucoup de déco qu'on qualifierait d'un peu "Kitsh" et très "conso conso conso".  On ecoute beaucoup de Salsa et Wayno en Pérou et en Bolivie. De la Cumbia et du reaggeton de partout. Et chaque region a son style de musique folklorique. Le Bresil notamment connait une diversité musicale incroyable.


Politique : Beaucoup plus libérale qu'en Asie, au niveau sociétal, comme économique. Relative liberté de la presse, du droit de grève. Pays indépendants au 19ème siècle, ce sont tous des républiques démocratiques, pas de royauté. Le droit de vote est obligatoire sinon il y a une amende. La corruption y est moins voyante mais tout le monde nous a parlé des élites corrompues comme concernant l'affaire de Lula au Brésil. Les inégalités sont enormissimes entre les zones citadines ou rurales d'un meme pays. Les droits à la santé et a l'éducation sont tres variables mais manquent globalement d'argent publique. Pour l'anecdote, on voit souvent des adultes avec des appareils dentaires. Ils peuvent en effet se le permettre que lorsqu'ils ont un salaire. Les parents ne peuvent assurer ce cout pour tous leurs enfants, qui n'est pas ou peu remboursé.


Gastronomie : Toujours le riz en supplément obligatoire comme en Asie. Beaucoup de cuisine à partir de la patate ou du maîs. On mange plutôt les viandes en gros steak ou entiers que émincé en petits morceau. On a retrouvé du pain (sous forme de petits pains) et du fromage, mais tres limité en terme de saveur ;) Sauf au Bresil où ils adorent les buffets tout est cuisiné minute dans les restos.

Écologie : Par rapport à l'Europe il y a un bon demi siècle de retard pour ce qui est des infrastructures des services publics, du tri des déchets, la mentalité des gens, les normes pollution pour les bus...
Par contre, à voir, mais ils ont sûrement un bilan carbone moins élevé, ils utilisent moins d'électricité, consommation d'hydrocarbures moindre car moins de véhicules... 

Le budget


On etait sur un budget de 400 € par mois environ pour 3 ( meme si Luis ne coûte pas grand chose, essentiellement budget "couches"). Donc moins qu'en Asie, alors que globalement on est passé dans des pays où la vie est plus chere ( sauf pour la Bolivie et le Paraguay mais ce n'etait que 2 mois sur les 8). En Argentine et au Bresil, il ne faut pas exagerer on est quand meme loin des prix europeens, mais on ne mange pas non plus dans la rue pour 1 € comme en Thailande.
Ceci s'explique d'une part car il n'y avait plus de budget "visas", un budget logement reduit, beaucoup de dons des habitants, systeme D développé... Et puis on a remarqué que dans les pays où la vie n'est pas chère, on se lache plus, mange tout le temps dans la rue en se disant que c'est pas cher, on fait donc moins attention et au final, on depense plus ou autant!


On essayait de se maintenir à 300 € max par mois pour le quotidien (env 10€ par jour) : nourriture, gaz, couches. Mais il y a toujours des extras meme si on les limites : un hotel, paire de lunettes, un visite d'un site, un matelas...
Ça parait peut être pas beaucoup quand on depense plus de 1000€ par mois seul en Europe mais je peux vous dire qu'apres avoir côtoyé les voyageurs latinos, c'est un budget confortable. On se fait quand meme plaisir sur ce qu'on mange, on aime bien decouvrir les plats culinaires. On en connait beaucoup qui voyagent avec 0 € ! C'est un extreme, mais bon pour dire qu'on peut faire bien moins.

Evolutions personnelles : Oser, Inventer, Créer



Systeme D


Ceci m'amenant à vous parler du "système D" qu'on a expérimenté avec les voyageurs latinos. Enfait en tant que voyageur européen on a l'habitude de tout acheter ( encore une fois pas tout le monde mais c'est une grande majorité) et Decathlon devient notre 2eme maison. Les voyageurs latinos, de part leur faibles revenus et leur manière de voyager en travaillant par ci par la, sont obligés de faire autrement, développent ainsi leur créativité artistique (jonglage, artisanat...) et leur confiance en soi.
Par exemple en partant de France ça ne nous était pas venu à l'esprit de faire autrement pour les sacoches velo que d'acheter des sacoches Ortlieb ou Vaude "comme tout le monde". Alors que les cyclos latinos avaient tous des sacoches "made par moi-même" en tissu ou encore mieux avec des bidons de type jerricanes qu'ils avaient coupés et recousus ensuite en y insérant une fermeture éclair. Et c'est comme ça pour tout. Vous auriez vu leurs tentes, des assemblages de baches trouvées par la, de poteaux donnes la bas etc... Ils recyclent beaucoup pour manger ( demandent les surplus en magazin, boulangerie, vont voir dans les poubelles).
 C'est marrant comme c'est différent des voyageurs européens. Il faut dire qu'en Europe les artistes ou vendeurs ambulants sont, soit interdits, soit associés au mendiant ou clochard. La bas, ils sont dans l'ensemble bien vus, voir "courageux" de vivre autrement. Au début on aurait pas imaginé faire autrement que de travailler avant et voyager ensuite. Maintenant on se dit qu'on vendrait facilement des crêpes, des photos du voyage sur une place. Mais ceci nécessite aussi de rester à un endroit, en général en ville un certain temps. 

Quand on leur disait qu'on faisait differemment en Europe, ils nous retorquaient que même si ils economisaient un an ils ne pouvaient voyager aussi longtemps. Et ça c'est clair, c'est un point important. On s'est rendu compte à quel point on etait des voyageurs privilégiés en Occident, à quel point notre niveau de vie élevé nous permet de vivre tant de temps dans ces pays. On nous demandait souvent comment on faisait financierement, mais on se sentait presque coupable de dire qu'on avait "juste" économisé, vendu une voiture, et qu'on a des proches qui nous aident. S'en est presque indécent de parler de nos salaires d'europeen. Une fois dans le pays, bien sur la vie est chere aussi, mais de vivre autre part, nous assure un statut de riche.
De cotoyer ces personnes nous a ouvert l'esprit encore plus, le champ des possibles s'est décuplé, la debrouillardise ... et le culot!

 

Le culot


Vous n'imaginez pas à quel point le nom de l'émission "Nus et culottés" est bien trouvé. Pour VIVRE le voyage-rencontre il faut être culotté, oser, avoir confiance, laisser nos représentations et peurs de côté...un peu le même genre de culot qu on chercher au fond de nous même pour aller parler aux petits copains en primaire ou collège ! Si on avait pas eu de culot, combien de rencontres, d'échanges captivants on aurait loupé, combien d'argent on aurait dépensé, combien de fois on serait tombé malade, combien de point de vue de ouf on aurait loupé...


Prenons l'exemple du logement. Au debut on se cache, on campe le plus sauvagement possible pour ne pas etre vu ( le camping sauvage à d'autres avantages la n'est pas la question), puis on demande timidement dans les ecoles, puis chez l'habitant, puis on campe sur les places des villes au lieu d'aller à l'hotel... La question est : qu'a t on à perdre à demander? Une minute. Pour en général gagner tellement en retour. Le culot permet donc d’économiser mais aussi de s'enrichir personnellement du temps d'échange. Au final, moins on depense d'argent, plus on se démerde, plus on vit des trucs incroyables. 
Bon il ne faut pas se ruiner pour pouvoir vivre des choses formidables mais juste se rendre compte que l'argent peut être un poison pour le vrai échange citoyen. Et en plus c'est réciproque. On a par exemple été chez beaucoup de personnes seules qui nous on remercié d'avoir rompu leur solitude et routine.


C'est pareil pour les transports. Faire du stop plutot que prendre le bus va etre 10 fois plus interessant et ne va rien couter. Alors oui on perd un peu de temps à demander, on se prend les regards de quelques BCBG dans la figure mais ça vaut le coup.


Et c'est aussi la meme chose pour la nourriture. La souvent c'est moins bien vu dans nos societes, aller demander les reste, faire les poubelles. Mais c'est toujours pareil, qu'a ton a perdre? On a peur de perdre un peu d'auto estime avec certains regards hautains, mais pour en echange avoir quoi? des bras remplis en evitant le gaspillage.
J'ai pas dit que c'etait facile, ça s'apprend, c'est du temps. Mais c'est la une de nos meilleure evolution. On se dit que si on avait voyagé encore un an on aurait reussi à passer le cap de la nourriture comme on l'a passé pour celui du logement.


Nous on etait super content que les gens viennent nous aborder, nous parler, nous poser des questions. Et puis on s'est dit, "mais enfait ceux qui viennent nous voir comme ca, c'est les curieux, les culottés, ceux qui osent"... et tant mieux, on etait ravis d'expliquer notre voyage. L'inverse est pareil. Pourquoi c'est en général mal vu d'être culotté dans nos societes occidentales? Pourquoi faut il garder une certaine retenue? Pourquoi faut-il toujours avoir peur de " que vont penser les gens" ou peur de deranger, se prendre un refus.  Non la curiosité n'est pas un vilain defaut. Derangeons nous. Osons, soyons spontanés, Ayons confiance, laissons nos peurs de côtés.

Et c'est pareil pour aller vers l'autre. Combien de fois on nous a dit, "attention dans telle région ce sont des voleurs, dans tel pays ça craint, eux ils sont malveillants"... Nous on a vu que des gens bien, partout, beaucoup de joie et d'amour transmis. Osons aller voir par nous même.

"Attention avec la peur, elle vole les rêves" : citation d'un parfait anonyme écrite au marqueur dans un toilette du camping de Copacabana qui nous colle à la peau.
 

Mode de vie

On peut tres bien transvaser cette maniere d'agir pour la vie en général  et pas seulement la vie en voyage. On a d'ailleurs passé un cap en Am du sud, apres 2 ans de voyage, on se dit qu'on ne veut pas retourner à cette vie d'avant. Ce n'est plus seulement un voyage, c'est devenu notre vie, notre style de vie libre et simple, vivant de l'essentiel et ça nous va tres bien. Tout les endroits alternatifs qu'on a visité nous ont encore plus motivés pour une vie en accord avec ces valeurs de simplicité et qui plus est en protegeant cette bonne vieille Pachamama. 

La manière de vivre des peuples modestes que nous avons vu tout le long du chemin (et pas seulement les mochileros) nous a aussi inspiré: leur poêles pour chauffer, leur inventions pour récupérer l'eau, l'entraide solidaire pour construire une maison... Pourtant bien souvent ils rêvent de notre vie surbookée d'occidentaux alors que nous on cherche à retrouver leur sagesse. Le voyageur Nicolas Bouvier l'explique tellement bien dans son livre "l'usage du monde": " L'admirable mosquée de bois où vous trouveriez justement ce que vous êtes venus chercher, ils ne penseront pas à la montrer, parcequ'on est moins sensible à ce qu'on a qu'à ce qu'on manque. Ils manquent de technique, nous voudrions bien sortir de l'impasse  dans laquelle trop de technique nous a conduits : cette sensibilité saturée par l'information, cette Culture distraite, au second degré. Nous comptons sur leurs recettes pour revivre, eux sur les nôtres pour vivre".

 Le voyage comme on l'entend n'est pas une question de lieu, de nomadisme ou de sédentarisation...on peut voyager en France, dans sa ville, dans sa rue. C'est avant tout un état d'esprit, une ouverture d'esprit envers les autres et soi même. On va parfois plus voyager en allant interpeller l'ancien du village, le vendeur de kebab ou le jongleur de rue qu'en partant à l'autre bout du monde.


Bon les copains si dans 10 ans on est finalement revenus à une vie plus conventionnelle, vous nos rappellerez ce que j'ai ecrit la!
 

 

Pour une vue generale du voyage depuis le debut cliquer sur ce lien.

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L
Coucou ceci est une belle vision des choses continuez a vivre ainsi meme en france la bise a vous trois...
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